La Pensée d'Antoine de La Garanderie (1920-2010)

La Pensée d'Antoine de La Garanderie (1920-2010)

Les quatre questions majeures de la pensée d'Antoine de La Garanderie

Sa pensée se structure autour de quatre questions majeures

(en reprenant les quatre questions kantiennes énoncées notamment dans le fameux cours Logique) :

 

Première question : que puis-je savoir ? Antoine de La Garanderie a produit une « phénoménologie des actes de connaissances », en montrant combien la connaissance des actes de connaissance était nécessaire pour accompagner l’élève sur le chemin du savoir – comment apprendre à apprendre ? L’un des ouvrages clés qui synthétise la constitution d’une telle phénoménologie est : Comprendre les Chemins de la connaissance (ouvrage de 2003). J’ajoute que les analyses de La Garanderie trouvent aujourd’hui un écho favorable dans de nombreuses recherches neuroscientifiques.

 

Deuxième question : « comment être quelque chose de plus » (pour reprendre une formulation de Spinoza et pour marquer une distance avec la question de Kant : « que dois-je faire ? ») ? Antoine de La Garanderie a proposé une « éthique du connaître » qui visait à offrir à l’enfant des chemins de liberté : comment lui permettre dans l’apprentissage de savoirs différents, à affirmer son être et d’éprouver ainsi un plaisir d’être. L’un de ses derniers ouvrages, Plaisir de connaître, bonheur d’être, nous invite à repenser le rapport entre l’apprenant et le savoir, qui ne peut pas être qu’un rapport de capitalisation de connaissances, mais qui doit être appréhendé comme ce qui permet à l’être humain d’essayer et de développer son pouvoir être.

 

Troisième question : que m’est-il permis d’espérer ? Antoine de La Garanderie a été un penseur de l’utopie ; il était porté par une foi humaniste : en raison de la plasticité du mental (entrelacé au corps et à la vie affective), en raison de l’éducabilité du connaître (de l’attention à la créativité), tous les hommes naissent libres et égaux en pouvoir de connaissance. Il faut dépasser toute une lecture aristocratique de l’éducation qui laisse entendre que seuls des favorisés (par je ne sais quel Dieu, par la nature, par des déterminations sociales) seraient à même de réussir. Comment démocratiser l’accès à l’intelligence du savoir ? Ce fut là l’une des grandes motivations éducatives d’Antoine de La Garanderie. Il croyait beaucoup en l’autogestion (un socialisme de l’éducation ?), à une pédagogie de l’entraide (titre de l’un de ses ouvrages publiés en 1974) : comment mettre en place une pédagogie participative par laquelle l’enseignant, l’enseigné, le savoir se nourrissent les uns les autres pour être « quelque chose de plus ». C’était là l’un de ses idéaux qui ont porté sa pédagogie – les institutions, les enseignants, les élèves n’auraient-ils pas à se donner comme idéal la réalisation de cette utopie qu’est une pédagogie de l’entraide (l’idéal nourrit le réel, sert de fil directeur à l’action pédagogique) ?

 

Quatrième question : qu’est-ce que l’homme ? En définitive, Antoine de La Garanderie propose une anthropologie particulière (que l’on peut appeler herméneutique) : l’homme est un être se comprenant comme être au monde, comme pouvoir être, comme pouvoir de sens ; il a cette exigence de s’expliciter sans cesse (dans son rapport au monde, au savoir, à autrui). L’une des œuvres les plus importantes de La Garanderie, Critique de la raison pédagogique (publié en 1997) nous invite à une telle réflexion anthropologique.

 

 

 



19/11/2017
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